Projet à la Une – « Après la Covid-19, osons la santé en Hainaut »

C’est le titre prometteur du projet de l’Observatoire de la Santé du Hainaut dans le cadre des Stratégies concertées Covid en Wallonie.

INTERVIEW – MARS 2022

 

Nous avons rencontré Annick Vanlierde, docteure en psychologie, responsable de projets « Ainés », des enquêtes qualitatives et de la sensibilisation à la vaccination Covid, et le docteur Christian Massot, médecin épidémiologiste et responsable du département Ressources.

Ils nous ont présenté leur projet, composé de trois parties : veille sanitaire, information et sensibilisation à la vaccination, et reprise des activités de promotion de la santé en post-Covid.

 

 

Pendant l’épidémie de Covid, vous avez mis en place une veille sanitaire dans la Province du Hainaut. Pourquoi ?

 


Dr Christian Massot : « En août 2020, après un période de calme, des clusters de contaminations Covid commençaient à apparaître et la situation était très variable d’une commune à l’autre. L’apparition de quelques cas n’implique pas les mêmes réactions dans une commune rurale de 1000 habitants que dans une grande ville de 200.000 citoyens.


Une interprétation des chiffres était donc nécessaire pour permettre au Gouverneur de la Province du Hainaut et aux bourgmestres d’anticiper différents scénarios et d’identifier les mesures nécessaires. Nous diffusions ce rapport chaque semaine vers les services du Gouverneur, les médecins responsables des centres de testing et de vaccination et les représentants des pôles hospitaliers. Cette veille se poursuit encore aujourd’hui, mais les rapports sont plus espacés. »

 

 

Ensuite est arrivée la campagne de vaccination. Quel a été votre rôle dans cette campagne ?


Annick Vanlierde : « La vaccination pour la population générale s’est mise en place très rapidement. Les communes ont été prises de court et ont dû résoudre de nombreuses questions organisationnelles et logistiques pour permettre à tout le monde de se faire vacciner.

 

“En quelques jours, il fallait mettre des choses en place pour aider les seniors, qui étaient prioritaires, à se rendre aux centres de vaccination, à prendre rendez-vous en ligne, etc.”

 

Les communes nous contactaient avec des questions très pratiques. ‘Pouvons-nous affréter un bus communal pour transporter plusieurs personnes ensemble ?’ ‘Le conducteur du taxi social peut-il accompagner la personne dans le centre de vaccination si elle marche mal ?’ Le public senior avait aussi besoin d’accompagnement pour obtenir le certificat de vaccination, installer le CST sur un smartphone… et nous avons aidé les communes à y répondre.


Nous avons également organisé des réunions Zoom avec des représentants de différentes communes pour échanger leurs pratiques, idées et protocoles afin d’organiser au mieux la vaccination pour tous.


Par la suite, au fur et à mesure de l’évolution de la vaccination, nous avons mené des animations sur la vaccination à la demande, pour différents publics de professionnels (personnel de CPAS et d’associations, animateurs, professeurs, stewards de rue et autre personnel communal en contact avec la population). Mais nous avons également rencontré la population : seniors, jeunes, bénéficiaires du CPAS… »

 

 

 

Les questions ont-elles évolué au fil du temps ?


Annick Vanlierde : « En effet. Au printemps 2021, les questions étaient plutôt d’ordre scientifique. ‘Le vaccin est-il dangereux ?’ ‘Qu’est-ce qu’un ARN-Messager ?’ ‘Le vaccin influence-t-il la fertilité ?’


Ensuite ont circulé pas mal de fake news : la puce cachée dans le vaccin, le lien entre le vaccin et la 5G, des théories de complot mondial… Nous étions interrogés sur ces questions.


De façon générale, dans les animations, nous avons rencontré très peu d’« antivax », mais plutôt des personnes hésitantes qui n’en voyaient pas l’utilité (‘Je n’ai de toute façon pas les moyens d’aller au cinéma.’ ‘Le vaccin, c’est pour les vieux.’ Etc.).


Maintenant qu’environ 80 pourcents de la population est vaccinée, nous sommes plutôt interpellés par rapport aux frustrations liées à la gestion de l’épidémie. La situation engendrait beaucoup d’incertitudes, et certaines incohérences ont sapé la confiance du public vis-à-vis des mesures prises.

 

“Face à ces personnes, notre rôle est de remettre les choses en perspective : entendre leur mécontentement, mais le distinguer des bénéfices de la vaccination. Aider à faire la part des choses.”

 

Notre rôle n’est pas de convaincre à tout prix, mais de transmettre une information sans jugement, et d’encourager la discussion à bâtons rompus. »

 

 

Comment envisagez-vous la suite du projet ?

 

Annick Vanlierde : « J’espère que nous allons pouvoir nous concentrer sur la reprise des activités, qui est aussi une façon de travailler sur la santé mentale, dont un des déterminants est l’isolement social. »

 

 

Justement, la Covid semble aujourd’hui perdre du terrain. Mais votre rôle n’est pas terminé…

 

Annick Vanlierde : « Notre projet comporte aussi un objectif d’après-Covid : retisser du lien avec les seniors. Deux ans sans activités, avec très peu de liens, ça a laissé des traces. Nous devons relancer des activités, les adapter à la réalité d’aujourd’hui et proposer des choses nouvelles. L’Observatoire de la Santé du Hainaut accompagne notamment les Conseils consultatifs des Ainés et des projets de remise en forme.

 

Certains sont impatients de sortir à nouveau. Mais d’autres ont encore peur du virus et ne sont pas prêts à reprendre une vie normale. Il faut essayer de concilier tous ces points de vue dans les projets santé. »

 

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